Pas vendu pas perdu !

Vous êtes peut-être familier de cette expression que l’on entend souvent : « pas vendu pas perdu » !

De quoi s’agit-il ?

La formule sous-entend que lorsque qu’on détient un ou plusieurs titres dans son portefeuille actions, il suffit de ne pas vendre pour ne pas perdre. En effet, si vous achetez une action, vous détenez une part de l’entreprise en question. Le cours de bourse fera varier la valorisation de votre position. Si le cours augmente, vous gagnez du capital, s’il baisse vous en perdez, c’est assez basique. Mais lorsque le prix de l’action baisse, même si vous perdez en temps réel sur la valorisation de vos actions, vous êtes toujours détenteur de ces titres. Dès lors, il « suffit d’attendre » que le cours remontre à moyen ou long terme afin d’être gagnant sur la position.

En revanche, si l’on prend peur avec une position négative et que l’on décide de vendre, alors on réalise une perte sèche… d’où l’intérêt de ne pas vendre tant que la position n’est pas positive.

Mais est-ce si facile et simpliste ? Bien sûr que non sinon tous les investisseurs particuliers seraient gagnants.

Dans la réalité, c’est beaucoup moins évident de juste « attendre ». Ou plutôt, il ne suffit pas d’attendre pour gagner. On peut très bien avoir plusieurs titres en portefeuilles dans le rouge (positions perdantes) pendant très très longtemps, des années, voire des dizaines d’années… Autant dire qu’il vous faudra une sacrée dose de patience et des nerfs d’acier si vous voulez voir vos actions retourner en positif.

Beaucoup vous diront qu’il vaut mieux couper une position (revendre) avec une petite perte, plutôt que d’attendre avec le risque que la perte s’intensifie et réduise fortement votre capital.

On rentre ici dans la gestion des risques globale d’un portefeuille d’actions, avec toutes les problématiques liées en termes de tailles des positions, de diversification, d’allocation d’actifs, de timing, de volatilité, de corrélation, etc. On voit bien que ça devient vite moins facile à gérer que simplement « acheter des actions et attendre ».

Par ailleurs, tout cela dépend aussi de la stratégie adoptée en amont (rassurez-moi, vous en avez une ?!). Typiquement, les investisseurs qui souhaitent toucher des dividendes vont avoir tendance à détenir les mêmes titres en portefeuille sur de longues périodes et profiter des périodes de baisse des marchés pour renforcer des lignes et acheter encore plus d’actions. Ils se constituent un portefeuille d’actions à dividendes qu’ils gardent longtemps. Dans ce cas en effet ils ne vont pas vendre souvent.

Par contre si votre stratégie est l’appréciation du capital alors il vous faudra miser sur des titres en croissance qui peuvent faire x5 ou x10 ou x50. Le temps et les ressources (les liquidités) liés à des positions en perte sont d’autant d’énergie et d’argent qui ne travaillent pas pour vous : autant couper les perdants pour se positionner sur d’autres titres. On peut rester 10 ans « sans avoir ni vendu ni perdu », mais est-ce qu’on a gagné ? Probablement non.

Tous les traders vous le diront : la règle de base est de couper ses pertes et de laisser couler ses gains, pas l’inverse ! Il faut donc aussi bien distinguer ici le trading de l’investissement, ce n’est pas la même chose, mais au final on regardera la performance.

Pas vendu pas perdu, oui, mais seulement en sachant pourquoi et comment !