Après un été difficile pour les actifs à risque, les investisseurs sont redevenus optimistes en septembre, laissant les actions mondiales à la hausse. Celles-ci sont globalement stables sur le 3e trimestre. Le trimestre a été marqué par la poursuite du ralentissement des données économiques mondiales, compensé par un nouvel assouplissement monétaire des États-Unis et de l’Europe.
Aux États-Unis, la Réserve fédérale (la Fed) a abaissé les taux d’intérêt en juillet et en septembre afin de prolonger l’expansion économique face au ralentissement du rythme de la croissance et de l’embauche. Tandis que l’économie continuait à créer des emplois, le rythme de croissance du nombre total d’heures travaillées a considérablement ralenti. La confiance des consommateurs a également diminué par rapport aux niveaux récents. Les actions américaines ont progressé de 1,7% sur le trimestre. Pas bien folichon…
En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a réagi à la dégradation des perspectives économiques en réduisant encore les taux d’intérêt, en relançant l’assouplissement quantitatif et en s’engageant à continuer d’acquérir des actifs jusqu’à atteindre son objectif d’inflation. Ce passage d’un pilotage de la politique monétaire (taux) d’une forme dépendante de la date à une forme dépendante de l’état est significatif en ce sens qu’il pourrait entraîner une forte augmentation de la taille totale des actifs achetés par la banque centrale au cours des prochaines années. Si ces achats d’actifs peuvent avoir un effet limité en eux-mêmes, s’ils sont combinés aux mesures de relance budgétaire des économies qui en ont les moyens, ils pourraient contribuer à soutenir la croissance. Cependant, le calendrier des mesures de relance budgétaire en Europe reste incertain.
L’assouplissement de la politique monétaire de la BCE s’est opéré dans un contexte d’affaiblissement de la croissance, les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises pour septembre brossant un tableau d’une économie qui continue de ralentir, en particulier dans le secteur manufacturier. Avec une croissance allant dans une direction et une relance monétaire dans l’autre, les actions européennes ont progressé de 2,5% sur le trimestre.
Au Royaume-Uni, la saga apparemment interminable du Brexit a perduré, le Parlement adoptant une législation qui obligera le gouvernement à demander une prolongation s’il ne peut pas accepter un accord avec l’UE. Cela a envoyé la livre sterling plus haut, avant que le Premier ministre suspende le Parlement… seulement pour que la suspension soit déclarée illégale. Donc, pas de relâche dans le drame, avec une élection hautement imprévisible qui reste le résultat le plus probable si un accord ne peut être atteint dans les prochaines semaines. Les actions britanniques ont quant à elles progressé de 1% sur le 3e trimestre 2019.
La Banque d’Angleterre est restée en attente, l’incertitude entourant le Brexit continuant de brouiller les perspectives pour l’économie britannique. Avec une croissance salariale de 4%, les décideurs sont conscients que, si les risques globaux et liés au Brexit se dissipent, ils devront peut-être encore relever leurs taux, alors que si les risques à la baisse mis en évidence par certaines enquêtes de conjoncture se concrétisent, ils devront suivre la Fed et abaisser leurs taux. Les obligations d’État britanniques se sont appréciées de 6,7% sur le trimestre.
Au Japon, la hausse de la taxe à la consommation vient de se mettre en place, ce qui constitue un risque pour une économie qui ressent déjà les effets du ralentissement mondial de la fabrication manufacturière. Face à ces risques, la confiance des consommateurs japonais a continué de se dégrader ce trimestre. La Banque du Japon a également résisté à la tentation de participer au jeu de l’assouplissement, mais a indiqué qu’elle examinerait les perspectives lors de sa prochaine réunion, faisant peut-être allusion à un nouvel assouplissement à venir. Les actions japonaises ont fait +3,4% sur le trimestre.
Bien entendu, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a également continué de jouer un rôle de premier plan sur les actifs financiers tout au long du trimestre. Dans l’état actuel des choses, de nouveaux droits de douane doivent entrer en vigueur d’ici la fin de l’année, à moins que les pourparlers renouvelés entre les États-Unis et la Chine progressent suffisamment. L’incapacité d’empêcher d’autres droits de douane pourrait nuire à l’économie mondiale. Nous devons donc surveiller de près l’évolution de cette situation.
L’économie chinoise a continué de ralentir, la production industrielle affichant une croissance de 4,4% contre 7% environ au début de 2018. Les ventes au détail ont également ralenti, passant de près de 10% au début de 2018 à 7,5%. Aux États-Unis, et compte tenu du ralentissement de l’économie américaine en raison du différend commercial et des élections américaines l’année prochaine, il est loin d’être évident que la Chine cédera aux exigences américaines en matière de commerce international. Les actions des marchés émergents ont affiché une baisse de 1,9% sur le trimestre.
Aidé par l’assouplissement des obligations de la banque centrale et les inquiétudes grandissantes concernant les perspectives de croissance mondiale, les obligations d’État ont été un autre bon trimestre, avec toutefois une vente massive mais temporaire début septembre. Les bons du Trésor américains ont affiché une performance supérieure à 2% au troisième trimestre. Le crédit « investment grade » global a généré 1,2%, le haut rendement américain 1,3% et le haut rendement en euros 0,9%.
Globalement, l’économie mondiale est confrontée à plusieurs risques binaires et très imprévisibles. La guerre commerciale va-t-elle dégénérer ? Une élection au Royaume-Uni conduira-t-elle à un Brexit sans accord ? La récente tension au Moyen-Orient va-t-elle s’intensifier et causer une nouvelle flambée du prix du pétrole ? Et les entreprises réagiront-elles au ralentissement de la croissance et des bénéfices en réduisant les emplois ?
Tant que les réponses à ces questions ne seront pas clarifiées, il est logique d’éviter les surpondérations en actions et en crédit et d’améliorer la qualité dans les deux cas. Parmi les actions, les actions à forte capitalisation, les actions de qualité et les actions de valeur seront probablement les plus résistantes si les risques à la baisse se matérialisent. Parmi les solutions annexes, les investisseurs peuvent rechercher une diversification par le biais d’investissements dans les infrastructures, les stratégies macroéconomiques mondiales et l’or. Les titres du Trésor américain devraient également fournir une couverture si la croissance se poursuit.